Le mot du président

Depuis plus de 40 ans que l’ACEPP existe, nous n’avons cessé de porter haut et fort nos valeurs en matière d’accueil du jeune enfant. Un enfant est inscrit dans une histoire familiale, un projet parental ; qu’alors l’accompagner ne peut se concevoir sans son parent, 1er éducateur qui doit être associé, voire même être à l’initiative la démarche d’accueil. Mais le parent a besoin d’être accompagné à son tour par des professionnels qui ne sont pas des substituts parentaux mais des relais, des agents de socialisation qui vont soutenir l’enfant dans ses acquisitions et son développement. Être parent ou professionnel adhérent à l’ACEPP, c’est d’abord penser l’accueil de l’enfant dans ce partenariat, ce contrat de confiance qui va se tisser durant les premières années si importantes de sa vie.

Mais cet équilibre est bousculé aujourd’hui par des considérations économiques et des critères de rentabilité qui prennent progressivement le pas sur ceux de qualité que nous énonçons comme la priorité de nos projets.  La crise sanitaire que nous venons de traverser a malmené parents et professionnels mais elle a aussi remis au centre du débat les priorités de nos engagements. Dans ce contexte socio-économique incertain, nous devons donc plus que jamais affirmer et défendre nos priorités présentées dans le manifeste 2022 de l’ACEPP, avec, par et pour les enfants, les familles, les professionnels et les lieux d’accueils et d’accompagnement à la parentalité. Car c’est de l’avenir de notre société qu’il s’agit. Notre démarche se veut donc citoyenne, plus encore : militante.

Frédéric BILDET

Isabelle Rodriguez

Membre du Conseil d'administration de l'ACEPP SO et Co-présidente de l'ACEPP Nationale

“ Depuis 2009 (il me semble), date à laquelle j’ai intégré le conseil d’administration de l’Acepp 33/47 puis son bureau, j’ai le plaisir de voir grandir le réseau au fil des années. Nombreuses sont les étapes qui ont été franchies ; périodes de fragilité, d’évolution mais aussi et surtout de grande satisfaction. 
Depuis 2017, je me suis impliquée à l’Acepp nationale ; au conseil d’administration puis au bureau et aujourd’hui en co-présidence. 
Cette nouvelle dimension me permet de sortir de ma zone de confort (Directrice d’EAJE en province) pour aller explorer d’autres univers de la petite enfance, d’autres territoires et penser l’accueil de l’enfant de manière plus large.
Du local au national, puis du national au local, c’est un échange permanent, une vie de réseau favorisant le lien social et le partage.
Si aujourd’hui je devais résumer mon engagement pour inviter du monde à nous rejoindre, je dirais tout simplement : soyons acteurs de notre environnement social pour le faire évoluer ! 

Marianne Borne

Trésorière de l'ACEPP SO

Des années 80 à nos jours, le parcours d’un dinosaure accepien…

“En 1984, quand j’ai entendu parler des crèches parentales et de l’ACEPP, j’étais étudiante en licence de psychologie. Je me posais la question quant à devenir psychologue, n’ayant de l’enfant et des parents qu’une vision théorique au travers de la littérature et des cours de fac que je suivais sans jamais avoir été sur « le terrain ». J’avais besoin d’une mise en acte.

J’étais aussi surveillante en collège et dans ce cadre, j’ai effectué un remplacement dans un foyer de jeunes mères célibataires. Le poste consistait à surveiller les enfants pendant que leur mère était en cours. Les enfants étaient toute la journée assis dans des parcs en bois, peu de jeux ni de contact avec les adultes…et que dire de la place des jeunes mères face à cette institution. J’étais moi-même maman de deux enfants. J’ai fréquenté une crèche familiale pour l’ainée et une crèche collective pour mon fils. Tous les matins je « passais » mon fils par-dessus le comptoir afin qu’il soit déshabillé, lavé et mis en tenue de crèche … Question d’hygiène ! – la place du Parent ??? On ne passait pas ou peu la porte.

Tout cela m’a amené à penser et à croire que les choses pouvaient être autre et que l’accueil de l’enfant et de sa famille était une affaire sérieuse qui devait se faire dans l’altérité, le respect de l’enfant, de ses parents et des professionnels accueillants. Ces valeurs étaient présentes dans les écrits de l’ACEPP qui présentaient ces nouvelles expérimentations appelées « Crèche parentale ».

J’ai voulu tenter l’aventure en créant un lieu d’accueil participatif avec l’aide d’un groupe de parents autour de l’idée de la coéducation parents professionnels pour un projet d’accueil de l’enfant. C’est ainsi que l’association SAGE a ouvert son premier lieu sur la commune de Bègles.

 

Nous n’étions pas les seuls en Gironde et très vite avec Catherine Mora nous avons voulu ouvrir une antenne de la fédération pour le département. Il était nécessaire que nous puissions échanger nos expériences d’un lieu à l’autre, de nous épauler. Il était important de faire reconnaitre auprès des institutions telles que la CAF et le Conseil Départemental les valeurs que nous voulions défendre, telles que la qualité d’accueil pour les enfants et leur famille, une participation parentale active et reconnue, un encadrement professionnel suffisant et au service du projet.

L’ACEPP 33 a vu le jour en 1986 et depuis n’a cessé d’accompagner les structures d’accueil, les parents bénévoles gestionnaires et les professionnels. Si pendant les premières années ce sont des bénévoles qui ont donné du temps et de l’énergie aujourd’hui c’est une équipe de professionnelles qui propose et dirige ses différents services en collaboration avec les membres du CA.

De toutes ces années, nous sommes restés fidèles à la charte de l’accueil définie par l’ACEPP nationale, au fonctionnement associatif, à la participation démocratique et à l’engagement citoyen pour inscrire nos valeurs sur un territoire.

30 ans ont passé, la société a changé, il y a eu des moments difficiles pour notre fédération. Je suis toujours présente et engagée dans ce mouvement des crèches associatives et parentales, alors que j’ai atteint l’âge des dinosaures. Pour moi rien n’est acquis de façon définitive. Il faut rester vigilent face aux nouvelles orientations prises par les gouvernements successifs en matière de Petite enfance qui chaque fois bouleversent nos pratiques et remettent en question l’existence même de nos structures d’accueil adhérentes.

Si fragile qu’elle soit je participe à une aventure humaine riche en rencontres et en échanges. Je souhaite pouvoir transmettre mon expérience, que les jeunes parents et professionnels aient la possibilité de vivre avec le même enthousiasme qui fut le mien ces années passées et pour que les lieux d’accueil de la petite enfance demeurent des lieux de vie, de créativité et d’ouverture au monde et aux autres.”